Le problème n’est plus de faire que les gens s’expriment, mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquelles ils auraient enfin quelque chose à dire. Les forces de répression n’empêchent pas les gens de s’exprimer, elles les forcent au contraire à s’exprimer. Douceur de n’avoir rien à dire, droit de n’avoir rien à dire, puisque c’est la condition pour que se forme quelque chose de rare ou de raréfié qui mériterait un peu d’être dit.

Gilles Deleuze, Les intercesseurs, Pourparlers, Paris, Éd. de Minuit, 1990, p.176-177, via une passionnante analyse politique du possible rôle de « la » critique, notamment artiste, par Dimitri M’Bama.