La vie

Le terme SCAM ne désigne pas seulement une arnaque chez nos amis d’outre-Manche, il a également été choisi comme titre par la Société Civile des Auteurs Multimédia, nom un soupçon pompeux qu’a choisi l’un de ces organismes, un peu obscurs et parfois peu scrupuleux, pour collecter et reverser les droits d’auteurs à ceux œuvrant dans le milieu documentaire. Nous soupçonnons depuis longtemps la distinction entre fiction et documentaire n’être que l’une de ces créations du capital établies uniquement pour diviser et mieux régner, en faisant en sorte que les auteurs s’intéressant d’un peu trop près à la réalité soient confinés à une diffusion confidentielle et une rémunération peu reluisante. La preuve en est avec ce rapport, publié à l’occasion du festival de professionnels Sunny Side of the doc, sur les revenus moyens des professionnels de la profession documentaire, et que nous vous résumons, comme à l'accoutumée, en trois diagrammes nécessaires autant que suffisants.

Pour continuer avec ces catégories qui nous divisent, les auteurs du rapport ont eux-mêmes cru bon de différencier ces chiffres en fonction de la longeur des projets finaux. Il en ressort globalement que les documentaristes sont, en moyenne, payés 87 €… la journée, soit environ 1,5 fois le SMIC. Curieusement, ce sont sur les projets les plus courts que ce taux quotidien est le meilleur, mais au final, ça reste peu cher payé…

Nous avons ensuite repris les proportions de revenus annuels déclarés dans le milieu, afin de visualiser simplement cette subtilité que les statisticiens établissent entre moyenne et médiane : les trois quarts de ces artistes n’atteignent donc pas la moyenne des revenus. On y retrouve bien ce fameux un pourcent de nantis, mais, ici, ils ne déclarent « que » plus de 150 000 € par an, c’est quand même un peu faiblard à côté des prouesses de nos amis du CAC 40.

Enfin, pour rejoindre cet élan de joie de vivre qui submerge notre pays préféré, rassurez-vous, c’est bien la merde dans le documentaire autant que dans les autres milieux. Alors, évidemment, si l’on ne peut que fortement recommander de mettre de l’art dans sa vie, ne pas oublier qu’il faut mettre de vies pour vivre de son art.