11 février 2015

Comme disait l’autre météore surévalué, « tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ». Et pourtant, souvenez-vous de votre dernière sortie au cinéma : arrivé devant les panneaux rétro-éclairés qui font office d’affiche, vous avez tant hésité sur le film à voir que vous avez failli loupé la séance. Votre emploi du temps effréné vous avait empêché de décortiquer les cent quarante pages mensuelles de Positif et de vous faire votre propre avis.

Pour résoudre ce drame quotidien, nous vous offrons cette rubrique hebdomadaire Le film à (ne pas) voir, qui se penche sur les nouveaux films à l’affiche… de manière radicale. Volontairement, notre choix se limitera à uniquement deux films : celui qu’il faut absolument voir, et celui qu’il faut impérativement fuir. Mais, comme nous ne sommes pas critique professionnel, nous ne sommes pas invité aux projections presse et devons donc avouer, non, que nous n’avons pas (encore) vu les films dont nous parlons.

Le film à voir : Les désaxés de John Huston

Qui est Marylin Monroe ?

Vous avez sans doute, déjà, entendu parler de cette comédienne blonde qui connut un certain succès dans les années cinquante. Bien avant Kim Kardashian ou Lindsay Lohan, elle avait compris que la célébrité passe autant par des vidéos youtube de mauvaise qualité, des photos dénudées ou du sexting que par de bons rôles. D’ailleurs, parmi la vingtaine de films dans lesquels elle a joué, s’il ne fallait en sauver qu’un seul, ce serait bien la ressortie de cette semaine : Les Désaxés, chef d’œuvre crépusculaire qui réunit les plus grands alcooliques de l’époque, Montgomery Clift, Clark Gable et John Huston.

Autour de quel axe ?

Ce film est tellement étrange qu’on ne sait jamais comment l’appeler : Les Désaxés en un bon français, un titre plutôt pertinent, cette fois, mais souvent remplacé, au sein des cinéphiles de la cinéphilie, par The Misfits, son titre anglais qui signifierait davantage « les inadaptés » mais qui évoque bien plus les comédies des Charlots que l’ambiance du film en question. Parlons d’ambiance, justement : souvenez-vous de ce dernier lendemain de soirée difficile, écrasant, plombé par un épuisement digne d’un octogénaire. Vers les 18 heures, ce jour-là, alors que vous ne rêvez que de retourner dans votre lit après un bon grog, débarquent votre meilleur ami disparu depuis six mois et votre bouteille de whisky préférée. Vous savez que vous êtes inutile, grillé, et pourtant, vous l’entamez avec lui, vous rigolez et vous ne vous arrêtez pas avant la fin. Évidemment. C’est la base de l’engraine, et l’axe de ce film : ne jamais s’arrêter avant la fin en rigolant.

Jusqu’à quelle fin ?

On n’aime pas trop, ici, parler des légendes qui tournent autour des films. Anecdotes, faits divers et autres racontards prennent souvent des dimensions qui dépassent et valorisent un peu trop des films pourtant dispensables. Mais, là, exceptionnellement, nous ne pouvons pas difficilement l’évacuer : prenez l’un des plus grands écrivains américains, en train de divorcer de la plus grande star de l’époque, celle-ci en pleine dépression, alcoolisme et addictions diverses. Ajoutez-y l’un des anciens jeunes premiers les plus prometteurs, ravagé également par l’alcool et un accident de voiture qui défigura ce physique superbe sur lequel reposait toute sa carrière, et une ancienne star des années trente qui perdit une de ses femmes dans un accident d’avion, fut père et grand-père la même année et fumait cinq paquets de cigarettes par jour depuis l’adolescence, sans oublier le génial Eli Wallach récemment décédé. Mettez tout cela aux ordres d’un réalisateur alcoolique également, et bien connu pour passer plus de temps à se faire tourner la tête plutôt que la caméra. À ce moment-là, vous avez deux possibilités : soit le film est mauvais, soit il est excellent. Je vous laisse deviner la saveur de celui-là…

Le film à ne pas voir : 50 nuances de Grey

Parce que le titre français est naze (encore), et qu’en plus, il n’y aurait même pas la fameuse scène du tampon ! Scandale !