Sorties du 22 octobre 2014

Comme disait l’autre météore surévalué, « tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ». Et pourtant, souvenez-vous de votre dernière sortie au cinéma : arrivé devant les panneaux rétro-éclairés qui font office d’affiche, vous avez tant hésité sur le film à voir que vous avez failli loupé la séance. Votre emploi du temps effréné vous avait empêché de décortiquer les cent quarante pages mensuelles de Positif et de vous faire votre propre avis.

Pour résoudre ce drame quotidien, nous vous offrons cette rubrique hebdomadaire Le film à (ne pas) voir, qui se penche sur les nouveaux films à l’affiche… de manière radicale. Volontairement, notre choix se limitera à uniquement deux films : celui qu’il faut absolument voir, et celui qu’il faut impérativement fuir. Mais, comme nous ne sommes pas critique professionnel, nous ne sommes pas invité aux projections presse et devons donc avouer, non, que nous n’avons pas (encore) vu les films dont nous parlons.

Le film à voir : The Go-Go Boys de Hilla Medalia

Qui est Hilla Medalia ?

Réalisatrice de cinq documentaires, Hilla Medalia s’est fait connaître pour son film précédent, Dancing in Jaffa où elle filmait un chorégraphe qui cherchait à faire danser ensemble des enfants israéliens et palestiniens. Cette fois, changement total de sujet : Hilla s’attaque à la légendaire firme Cannon qui a marqué les années 80 jusqu’à notre époque.

Pourquoi faut-il aller voir The Go-Go Boys ?

Le groupe Cannon est une société américaine qui a révolutionné le cinéma de genre des années 80 et dont le style de productions, pour le meilleur et pour le pire, est encore très influant à notre époque. Imaginez que c’est elle qui fit de Chuck Norris, Sylvester Stallone et Jean-Claude Van Damme ces héros des films d’action que l’on connaît maintenant.

Leur histoire, détaillée sur l’indispensable site Nanarland, est rocambolesque : la Cannon est au départ une société spécialisée dans les sous-productions érotiques que M6 n’aurait pas renié. Mais en 1979, cette société est rachetée par deux producteurs israéliens et cousins, qui vont en profiter pour révolutionner la production de séries B. Dotés d’un certain flair et de pas mal de moyens, ces deux producteurs vont modifier les règles du jeu en mettant le paquet sur des films qui généralement avaient autant de budget que de considérations artistiques. Films d’action, surtout, mais aussi polars, films érotiques, science fiction… En dix ans, ils ont sorti plus de soixante films.

Jamais las, les deux cousins ont pu dépasser le strict cadre de la série B, et se sont même offert la production d’un film de Godard… qui n’est (presque) jamais sorti. Surtout, leur empreinte dans le cinéma commercial n’a jamais été aussi marquante que de nos jours : Chuck Norris ou JCVD sont maintenant des stars médiatiques, Stallone cartonne avec sa franchise The Expendables, et, chaque été, les studios hollywoodiens sortent un nombre de série B aux budgets de plusieurs centaines de millions de dollars sans se poser de questions. Merci les cousins !

Le film à ne pas voir : Bande de filles de Céline Sciamma

Pourquoi ?

Parce que Céline Sciamma a fait cette même école que ces 90 % de réalisateurs français dont 99 % des spectateurs français ne vont pas voir les films : la FEMIS. Parce que les sujets de ses trois longs métrages à ce jour ne s’aventurent surtout pas au-delà d’un quotidien banal plus ou moins inspiré de sa propre vie (imagine-t’on). Parce que la forme parvient à peine à sortir de l’éternel naturalisme franco-français comme le souligne l’ami Matthieu Macheret. Et parce que, comme le résument nos brillants confrères d’Independencia, ce film n’est qu’une n-ième « co-production Najat Vallaud-Belkacem/Harlem Désir » qui ne fait que dessiner une « vraie trajectoire de (mauvaise) politique gouvernementale socialiste ».