Sorties du 10 novembre 2014

Comme disait l’autre météore surévalué, « tout le monde a deux métiers : le sien et critique de cinéma ». Et pourtant, souvenez-vous de votre dernière sortie au cinéma : arrivé devant les panneaux rétro-éclairés qui font office d’affiche, vous avez tant hésité sur le film à voir que vous avez failli loupé la séance. Votre emploi du temps effréné vous avait empêché de décortiquer les cent quarante pages mensuelles de Positif et de vous faire votre propre avis.

Pour résoudre ce drame quotidien, nous vous offrons cette rubrique hebdomadaire Le film à (ne pas) voir, qui se penche sur les nouveaux films à l’affiche… de manière radicale. Volontairement, notre choix se limitera à uniquement deux films : celui qu’il faut absolument voir, et celui qu’il faut impérativement fuir. Mais, comme nous ne sommes pas critique professionnel, nous ne sommes pas invité aux projections presse et devons donc avouer, non, que nous n’avons pas (encore) vu les films dont nous parlons.

Le film à voir : Ceci est mon corps de Jérôme Soubeyrand

Qui est Jérôme Soubeyrand ?

Un réalisateur peu connu, encore, qui a dialogué quelques scénarios, auparavant, et, surtout, réalisé « des courts-métrages, des films industriels, des shorts pour Canal+, des érotiques pour M6 pendant une dizaine d’années ». Encore un réalisateur que personne ne connaît me direz-vous, et vous n’aurez pas tort. Mais quand on voit le niveau des sorties des réalisateurs dits confirmés cette semaine, on n’a qu’une envie : aller voir ailleurs…

Pourquoi faut-il aller voir Ceci est mon corps ?

Certes, ce film ne sort que dans une seule salle à Paris… Cela nous a fait longtemps hésiter à le soutenir : ne va-t-on pas encore nous traiter de snobinard qui fuit la populace comme la peste bubonique ? Ou de misanthrope endurci qui ne s’affirme qu’à travers des choix que personne ne peut vérifier ? Eh bien, clairement, non : c’est d’ailleurs l’occasion de rappeler les graves problèmes de distribution des films en France, cette obscur processus qui permet d’attribuer un certain nombre de salles à chaque film lors de sa sortie. Ainsi, des comédies paresseuse comme La Bataille de Solférino ou les Les Combattants pourront s’offrir plusieurs dizaines d’écran, alors qu’un tel météore sera complètement massacré par une absence presque complète de diffusion.

Certes, nous défendons encore, cette semaine, un film français. N’est-ce pas là faire preuve d’un chauvinisme déplacé lorsque l’on sait faire toujours moins bien que les ‘ricains ? Eh bien, encore, non : quand on réussit à mélanger dans un même film Christophe Alévêque et Michel Serres, sur un tournage fauché qui s’étale sur quatre mois opour finir au Festival International du Film Grolandais de Toulouse, tout en parlant de religion et de bisexualité, on est sûr de détenir le film atypique de cette année. Qui avait, d’ailleurs, commencé avec l’excellent Jacky au royaume des filles où se mêlaient déjà… religion et sexualité…

Le film à ne pas voir : Le Père Noël

Parce que lorsque le réalisateur d’Eyjafjallajökull essaie de nous faire croire qu’un film de Noël se résume à une telle mièvrerie, c’est un lamentable affront lancé à la face de quelques précédents chefs d’œuvre.