Une mention pour ce documentaire réalisé par Stan Neumann diffusé sur Arte, dont le riche programme n’est rien moins que de retracer cent vingt ans d’histoire technique du cinéma. Il évite la gageure du catalogage assommant tout en apportant quelques informations rarement vues ailleurs et que nous énumérons ici brièvement.

  • Le succès du film Sauvée par Rover en 1905 fut tel qu’il dut être retourné deux fois ensuite car le négatif se déteriora trop vite. Conséquemment, les films furent tournés avec deux caméras en parallèle afin de posséder une copie de secours du négatif.
  • Le premier travelling de l’histoire du cinéma semble se trouver dans le film Cabiria, méga-péplum de 1914. Le réalisateur Giovanni Pastrone déposa dans la foulée un brevet pour ce qui deviendra ultérieurement un succès sous le nom de Dolly.
  • Le plan américain s’appelait plan Vitagraph du nom de ce studio qui le popularisa dans les années 1910.
  • Dans Life of an American Fireman de 1903, Edwin S. Porter utilise un des premiers effets de montage : le pompier sort la victime par la fenêtre en descendant de l’échelle. Puis raccord avec la façade extérieure mais légèrement auparavant : on voit l’échelle être mise en place. Il faut attendre 1908 et le fameux Assassinat du duc de Guise pour voir apparaître de véritables raccords. Le plus intriguant est que ce même effet de redite temporelle sera l’un des parangons de la modernité godardienne, quelques cinquante ans plus tard.
  • Dans le même domaine, le principe de la caméra épaule si cher à cette prétentieuse Nouvelle Vague avait déjà utilisé dans un film belge de… 1929, Histoire de détective, réalisé par Charles Dekeukeleire.
  • Parmi les étonnants gadgets d’un autre siècle et l’épique histoire de l’avènement du son au cinéma, la machine à bruit de coulisses permettant de reproduire bruits d’orage, de vent, de vaisselle cassée, etc., pour agrémenter les projections silencieuses de quelques sons d’ambiance.
  • Dans le film La Chatte des montagnes de 1921, Ernst Lubitsch appliqua un cache non-rectangulaire à quasiment chaque plan pour un effet étonnant, qui ne connut pas de réelle postérité…
  • Outre – ou malgré – son indéniable qualité, le procédé Technicolor s’accompagnait d’un verrouillage technique complet que Dolby reprit et maintient encore de nos jours : caméras seulement louables auprès de la société, présence obligatoire sur le tournage d’un de ses techniciens, développement et tirage uniquement dans leurs usines, etc.