Mécaniques

Depuis ses commencements, le cinéma est un art industriel dans lequel il faut souvent plonger les mains dans le cambouis. L’arrivée du numérique ne diminue pas la taille et l’extravagance de certaines installations de prise de vue comme le recensent les amis de Grip Rigs auxquels on a emprunté la photo en tête de cet article. En vrac, dans la suite, un panorama de diverses installations, dites de machinerie qui ont marqué l’histoire du cinéma… et les plans réalisés avec…

Dès 1928, le film L’Aurore marque l’esprit par sa brillante utilisation, et la présence de l’un des premiers mouvements tortueux de cinéma, à travers nuit et marais, réalisé en mettant la caméra sur un chariot dédié, souvent appelé Dolly.

Afin de parfaire la rectitude et de ne pas subir les aléas de hauteur du sol, ces dollys sont, le plus souvent, posées sur des rails, ce qui donne le mouvement de caméra dit de travelling. Le premier mouvement fondamental d’une caméra est appelé panoramique : il consiste, lui, à ne faire bouger que la caméra, son support restant immobile. Pendant des décennies, en dehors de l’utilisation exceptionnelle de grues, hélicoptères ou autres, ces deux mouvements étaient les seuls qui s’offraient au répertoire des cinéastes pour déplacer la caméra, sans compter la voix de Jean-Luc Godard.

En 1980, le film The Shining, réalisé par un certain Stanley Kubrick, marqua — notamment — les esprits par l’utilisation d’un nouvel équipement : le steadicam. Celui-ci permet, en contrepartie d’un large sur-poids supporté par l’opérateur, de déplacer la caméra avec une fluidité exceptionnelle, même en courant, et connut un grand succès d’utilisation dès la sortie de ce film.

Depuis une bonne dizaine d’années, un dernier dispositif est venu concurrencé ces lourds appareillages : le cardan, mieux connu sous son nom anglais de gimbal. Son invention remonte au moins à l’Antiquité, ce n’est que très récemment qu’il a connu un large succès : la position de la caméra est contrôlée par trois moteurs sans balai qui permettent de corriger instantanément chaque modification d’axe. Selon la taille de la caméra, ce dispositif de stabilisation peut quasiment se fondre dans le dispositif d’accroche de la caméra, que ce soit un trépied, un drone, ou… une poignée, et permet d’imaginer les mouvements les plus complexes.

En même temps, le coût, l’encombrement et le poids de ces dispositifs diminuent, tandis que l’efficacité de la stabilisation et l’étendue des mouvements permis augmentent. L’utopie derrière tout cela est clair : égaler le meilleur stabilisateur optique connu au monde, a.k.a la vision humaine.