Depuis le temps que nous nous intéressons à la réalité virtuelle, nous ne pouvions passer à côté de la nouvelle production d’Arte : I, Philip. C’est un court métrage de fiction, purement cinématographique, au budget ambitieux, nous plongeant dans la peau d’une ré-incarnation, mi-robot, mi-humaine, de l’auteur que l’on ne présente plus, Philip K. Dick.

Nous avons chaussé notre casque de RV artisanale, sans oublier le casque audio, pour profiter de l’expérience en « immersion » : il nous faut bien avouer que, passées les premières minutes et expérimentations, nous avons vite reposé tout cet attirail pour profiter du film sur un écran traditionnel. Les agitations récentes autour du phénomène de la VR ne doivent pas cacher l’état de balbutiement dans lequel celle-ci est encore : l’inconfort notable du dispositif matériel et la pixelisation de l’image digne de l’ère de la VHS la confinent encore à l’expérience de laboratoire. On est encore loin du phénomène de foire qui s’imposerait en tant qu’art majeur de son temps, ainsi qu’a pu le faire, preque par surprise, le cinéma en son temps.

Mais les quelques réflexions déjà amorcées se confirment : il semble tout-à-fait possible de raconter une histoire en immersion, sans autre liberté pour le spectateur que l’orientation de son regard. La mobilité physique du corps ne nous semble réellement pas nécessaire, à l’inverse du jeu vidéo, au point qu’une immersion qui ignorerait le quatrième mur, à environ 270°, paraît déjà et largement suffisante. Mais c’est là une modification substantielle du dispositif de projection habituelle où, avec force effets de netteté, d’éclairages et de composition, le réalisateur concentre les regards là où il le souhaite à peu près… L’émergence de statistique sur les directions de regard, comme déjà utiisé pour les sites web, devraient fleurir.

La deuxième réflexion, concernant la stéréoscopie, parfois appelée injustement 3D, est d’autant plus intéressante que les deux versions du même film sont proposées, avec ou sans. On se rend compte, comme pressenti, que cette stéréoscopie apporte très peu par rapport à l’effet d’immersion visuelle et sonore. C’est toujours mieux avec, bien sûr, mais loin d’être aussi essentiel que l’amélioration de la qualité d’image, qui nécessitera au moins la 4K pour commencer à être acceptable à notre époque des écran rétina . Autre expérience intéressante sur le même film : le visionner à plat en utilisant le lien direct du fichier vidéo.

Enfin, sur un plan plus personnel, on doit s’avouer un peu déçu par la réalisation artistique du film : les séquences sont majoritairement statiques, et n’utilisent que peu la dynamique qu’apporte un tel dispositif. Les sensations véritablement inédites qu’apporteraient son usage dans des scènes d’action ou de poursuite sont ici complètement ignorées au bénéfice de dialogues bien plus convientionnels. Explication supplémentaire de cette sensation de frustration…