On verra ça en post-prod…

Le tournage, forcément harassant, vient de se terminer. Vous êtes dans un état d’épuisement proche de l’Ohio. Le film que vous avez tourné et qui vous obnubile depuis des années vous est maintenant… insupportable. Or, jour après jour, heure après heure, que ce soit votre producteur, votre conjoint ou le concierge de votre immeuble, la même question ne cesse de vous être répétée : « Quand est-ce qu’on pourra voir votre film ? ». Certes, la date de l’avant-première, sur les Champs Élysées, a été déjà fixée. Mais il reste à tenir, jusque-là, le marathon de la post-production. Pour mieux illustrer cette folle course finale, rarement évoquée, nous vous avons déniché quelques vidéos qui en expliquent les différentes étapes.

Le montage image

Au début, les gens ont une vague idée du travail qu’il faut accomplir : si l’on ne regarde jamais les milliards de films que l’on prend tous les jours avec nos smartphones, c’est bien parce que l’on n’en fait jamais de montages qui les rendraient éternelles – ou, au minimum, intéressantes. L’art du montage image, c’est de trier parmi des centaines d’heures d’images pour en extraire les meilleures et les assembler dans un film d’une durée raisonnable. C’est une étape cornélienne, mais qui, au final, permet d’obtenir des séquences aussi mémorables que celles qui suivent :

Les effets visuels

Que ce soit pour des films à plus de 300 000 000 $ de budget, ou pour des films d’auteurs fauchés mais exigeants comme nous en parlions déjà, les effets visuels – ou VFX en Anglais – sont maintenant partout. Method Studio, une société internationale qui a dernièrement travaillé sur Les Gardiens de la galaxie, Hercule ou Le Loup de Wall Street vous explique le métier de créateur d’effets spéciaux avec… du papier et un crayon :

L’étalonnage

À ce niveau-là, le travail à accomplir commence à être obscur : les Anglais pourraient croire qu’il s’agit de colorier les images – l’étalonneur est appelé colorist dans cette langue – tandis que les Français se demandent bien de quel étalon il peut bien être question. La vidéo qui suit résume cette dernière étape du travail sur les images qui permet, du premier coup d’œil, de distinguer une image travaillée de celle de vos dernières vacances :

Le montage son

Évidemment, personne ne parle du travail du son, surtout celui qui est effectué en post-production. D’ailleurs, impossible de vous trouver une vidéo qui expliquerait cette étape simplement… sans devenir ennuyeux. Cependant, il est un exemple fameux que les avertis connaissent sous le nom du Wilhelm scream – le « cri de Wilhelm » littéralement – et qui reflète bien la nature du travail du montage son. Fermez les yeux et écoutez le son qui suit :

Vous l’avez forcément déjà entendu au cinéma car il a une longue histoire. Au départ, c’est le son d’une personne qui chûte, mangée par un alligator, enregistrée en post-production pour les bruitages du film Les Aventures du capitaine Wyatt en 1951.

Ce son est tellement incroyable que, deux ans plus tard, il est utilisé à nouveau sur le western La Charge sur la rivière rouge. Il est alors intégré aux banques de sons de la Warner et utilisé discrètement dans plusieurs productions du studio pendant vingt ans. En 1977, Ben Burtt, le monteur son de Star Wars, geek avant l’heure –, en fait sa signature et l’insère dès qu’il peut, en particulier dans tous les Stars Wars et autres Indiana Jones sur lesquels il a travaillé. Il crée ainsi une véritable mode qui n’a cessé de se perpétuer dans l’ombre des stations de montage :

Le mixage son

À ce stade-là, vous êtes à deux jours de la projection du film et vous vous demandez bien ce qu’il reste à faire : c’est bien sûr le mixage (du son) du film. Cette étape est tellement absconse que personne ne sait en quoi elle consiste… sauf autour des consoles de mixage. Nous aurions bien pu vous renvoyer vers cet entretien d’une demi-heure où les ingénieurs du son de Gravity expliquent leur travail couronné par trois oscars, ou sur cet article fleuve de cinq pages du blog Inside Movies, mais nous avons trouvé ce passionnant reportage sur le métier de mixeur son où interviennent quelques génies du cinéma comme… Olivier (de Kad et Olivier) :

Heureusement pour votre après-midi foutue en l’air par ces vidéos et pour la santé mentale du réalisateur, le film est maintenant terminé !