Un certain festival est en passe de s’ouvrir, ce mardi même, pour changer les bonnes habitudes. Comme Emmanuel Bourdeau, nous ne goûtons plus vraiment ces attroupements capitalistico-mondains dans les plus fascistes contrées de la région. Même si, comme Lundi matin, on espère bien que le dieu de l’art helvète retrouvera sa fougue d’il y a cinquante ans pour interrompre les (d)ébats et rappeler à la Croisette ces quelques révoltes qui battent actuellement les pavés.

Le dernier pavé jeté dans cette mare azurée par le canardeur en chef, Thierry Frémaux, nous fait benoîtement frémir : « Les séries c’est industriel, les films c’est de la poésie » aurait-il avoué dans les pages hautement culturelles et avant-gardistes de Madame Figaro, partenaire officiel de ce festival hautement progressiste en matière de discrimination à l’envers des femmes, le choix de ce titre le démontre bien.

Le sélectionneur et la petite vaguelette de protestations qui l’ensuivirent dans ces batailles de piaillements médiatiques (re)nient tous deux autant les évidences : toute série est forcément industrielle et formatée comme un produit fait… en série. À part Horace & Pete, et peut-être d’autres hapax dont je ne connaîtrais pas l’existence, chaque épisode est systématiquement fait à la chaîne d’une longueur donnée tel que l’exige le dogme de la diffusion télévisuelle.

À l’inverse, le cinéma n’est que très très très rarement – voire jamais – poésie : aucune figure de style n’y est, d’ailleurs-littéralement possible et Eisenstein est mort de n’avoir jamais réussi à filmer la moindre métaphore malgré ses essais filmés autant qu’écrits.

Ceci étant, pour en revenir à ce registre de caricature en toute mauvaise foi qui caractérise autant les profondeurs de Twitter que les marches bétonnées du paquebot, les films ont l’avantage que, même mauvais, ils ne vous gâchent, au pire, qu’une soirée. Alors que des séries qui donnent l’impression de perdre la moitié de sa journée, ça ne manque pas…