Le « Comic-Con » expliqué aux Français

Hier, entre Tijuana et Los Angeles, a fermé ses portes la quarante-sixième édition du fameux San Diego Comic-Con International. Ce salon, initialement consacré aux comics, n’accueille qu’environ 130 000 personnes, soit le quart de notre présidentiel Salon de l’Agriculture, voire le dixième de notre encore plus indispensable Mondial de l’automobile. Cependant, c’est devenu pour une certaine frange de l’industrie du cinéma un événement incontournable que nous nous devons mentionner… sans pour autant le cautionner bien sûr.

Pour commencer par le commencement, il nous faut d’abord expliquer cette étymologie barbare à nos oreilles habituées aux chuintements élaborés de notre belle langue : le nom originel de cet événement était « Golden State Comic Book Convention », i.e. « Convention de la bande dessinée de Californie ». Ici ou dans divers rassemblements, le « convention » a été simplement réduit à « con » sans prendre garde à son outrageuse signification en français, le reste des termes étant d’une évidence limpide.

Historiquement, depuis sa première édition à San Diego, cette convention s’étale sur trois jours dans divers halls d’exposition, salons, hôtels… La première édition, en 1970, a réuni 300 personnes, quand les dernières sont limitées depuis quatre ans à environ 130 000 visiteurs pour des raisons que l’on imagine bien. Dès le départ, l’essence de ce rassemblement double : réunir des fans de comics de tous genres et si possibles fortement déguisés dans les costumes de leurs héros préférés… mais avec plus ou moins de moyens.

La deuxième ambition est commerciale : l’idée est de faire profiter aux studios produisant des œuvres liées à ces fameux comics d’une rampe de lancement ultra-médiatisée. C’est ainsi devenu le lieu privilégié pour les annonces de jeux vidéos, séries et, bien évidemment, de films, liés aux comics… ou pas ! Par exemple, ont été annoncés ces derniers jours :

Le huitième film lié aux Avengers :

Le nouveau poster du prochain The Hobbit, sixième film autour du Seigneur des anneaux :

Le film annonce de Max Mad: Fury Road, quatrième épisode de la série :

Je ne vous donne là que les informations « indispensables », vous épargnant les dix secondes d’annonce de l’adaptation cinématographique de Warcraft — qui consistent en un logo animé… — ou les quarante secondes, déjà supprimées par la Warner, de Batman vs Superman.

Rien qu’à rédiger cet article, je ne peux éviter un certain écœurement : ce n’est pas un dégoût snob envers un commerce culturel qu’il faudrait mépriser par principe. Le terme comics vient de ce que les Anglo-saxons n’ont longtemps vu dans la bande dessinée qu’une ligne de quelques cases comiques, appelées comic strip, et on ne peut pas s’étonner de cette culture du spectaculaire et du divertissement qui les caractérise.

Cependant, ce secteur de l’industrie cinématographique qui s’adresse à une frange très réduite de la population, représente actuellement une part disproportionnée de la production de films hollywoodiens, au détriment, bien sûr, d’œuvres d’autres genres, bons ou mauvais. Nous reviendrons là-dessus à la fin de l’été, une fois que les bilans auront pu être tirés, mais d’ici là, choisissez bien les films à aller voir…